Le récent déplacement du président Paul Biya en Europe ne saurait se réduire à une simple visite protocolaire. Accueilli par une délégation de Camerounais de France et reçu par l’ambassadeur Magnus Ekoumou, le Chef de l’État inscrit ce voyage dans une logique stratégique où la diplomatie et la politique intérieure se rencontrent à un moment charnière. À quelques semaines du lancement officiel de la campagne présidentielle, ce séjour prend une dimension particulière : il prépare le terrain d’une bataille électorale qui s’annonce décisive pour l’avenir du Cameroun.








Sur le plan diplomatique, Paul Biya confirme sa méthode : travailler loin des projecteurs, multiplier les consultations discrètes, sonder ses partenaires internationaux et s’assurer du soutien nécessaire dans un monde en recomposition. Loin d’être un retrait, cette approche illustre sa capacité à conjuguer temps long et temps court de l’action politique. Le temps long, c’est celui de la préservation des équilibres géostratégiques dans lesquels s’inscrit le Cameroun ; le temps court, c’est celui de l’élection imminente, avec ses urgences et ses calculs internes.
Sur le plan interne, ce voyage agit comme un signal. Il montre un président lucide sur les enjeux, déterminé à affronter la dernière ligne droite avec sérénité et assurance. Alors que l’opposition s’éparpille et peine à imposer une vision commune, Paul Biya capitalise sur son expérience et sa capacité à imposer le rythme de la campagne. C’est lui qui fixe l’agenda, dicte le tempo, et force ses adversaires à réagir à ses mouvements plutôt qu’à anticiper les leurs.
Enfin, ce déplacement s’inscrit dans une logique de mise en confiance de la diaspora. Le Cameroun de l’étranger, longtemps considéré comme périphérique, est désormais un acteur central dans les équilibres politiques et économiques. En se laissant accueillir par ses compatriotes en France, le président envoie un message d’inclusion et de reconnaissance, renforçant ainsi la légitimité de son projet national.
En somme, le voyage européen de Paul Biya n’est pas anodin : il témoigne d’une stratégie maîtrisée, où chaque geste compte, chaque rencontre prépare l’avenir, et chaque mot murmuré hors caméras participe à dessiner les contours d’une campagne qu’il entend dominer de bout en bout.
Paul Daizy Biya